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Type de textesource
TitreEntretiens sur la vie et les ouvrages des plus excellens peintres anciens et modernes, vol. 3
AuteursFélibien, André
Date de rédaction
Date de publication originale1679
Titre traduit
Auteurs de la traduction
Date de traduction
Date d'édition moderne ou de réédition
Editeur moderne
Date de reprintReprint Genève, Minkoff, 1972

(Cinquième Entretien), p. 6-7

[[8:voir aussi Apelle tétrachromie]] N’est-ce pas aussi, dit Pymandre, que nous n’avons plus aujourd’huy toutes les couleurs dont les anciens se servoient : car vous sçavez que l’on a parlé avec tant d’estime de leurs tableaux, que mesme quelques-uns en ont écrit des choses prodigieuses et surprenantes ; ce qui fait penser qu’ils devoient avoir quelque secret particulier pour faire de tels miracles ; comme quand Appelle peignit une cavalle qui paroissoit si vraie que les chevaux hannissoient après.

Dans :Apelle, le Cheval(Lien)

(Ve Entretien), p. 59-60

Lorsque nous y fusmes arrivez nous allasmes aux fenestres, pour considerer plus commodement la pluie qui tomba aussi-tost avec une violence extraordinaire ; et pour remarquer en mesme temps le desordre que causoit dans les arbres et dans la campagne une si furieuse tempeste. Le tonnerre grondoit continuellement autour de nous, et de temps en temps faisoit retentir l’air de bruits épouventables.

Pymandre s’estant approché du lieu où j’estois. Ce seroit, me dit-il, une belle occasion à un peintre de pouvoir observer ce que nous voyons presentement. Ne croyez-vous pas que ce fut dans une pareille rencontre que M. Poussin fit le dessein de ce tableau que vous me montrastes il y a quelque temps, où il a representé un orage presque semblable à celui-ci, et donné lieu à ne le pas moins admirer qu’on faisoit autrefois Appelle ; puisque l’un et l’autre pour avoir si bien peint ces sortes de sujets, on peut dire qu’ils ont parfaitement imité des choses qui ne sont pas imitables.

Dans :Apelle et l’irreprésentable(Lien)

(Ve Entretien), p. 6-7

C’est ce que Leonard de Vinci remarque dans son traité de la peinture [[1:ch. 341]], où il fait voir que si nous regardons les choses peintes avec un seul œil, elles nous sembleront plus vrayes, et paroistront avoir plus de rondeur, quoyqu’il y ayt toujours bien de la difference entre une chose peinte et le naturel, à cause, comme je viens de dire, qu’il y a dans les corps naturels une lumiere et des ombres que la peinture n’a pas la force de bien representer.

N’est-ce pas aussi, dit Pymandre, que nous n’avons plus aujourd’huy toutes les couleurs dont les anciens se servoient : car vous sçavez que l’on a parlé avec tant d’estime de leurs tableaux, que mesme quelques-uns en ont écrit des choses prodigieuses et surprenantes ; ce qui fait penser qu’ils devaient avoir quelque secret particulier pour faire de tels miracles ; comme quand Appelle peignit une cavalle qui paroissoit si vraie que les chevaux hannissoient après.

Eh bien, luy dis-je, Pline qui rapporte cette merveille de la peinture, remarque qu’Appelle ne se servoit que de quatre couleurs. Non, non, ce n’est pas qu’ils eussent ny des couleurs plus vives, ny en plus grand nombre que nous en avons aujourd’huy. Si les anciens ont fait quelque chose de grand et de beau, c’est qu’ils avoient du sçavoir et de l’intelligence.

Dans :Apelle et la tétrachromie(Lien)

(Cinquième Entretien), p. 19

Quoy que ce soit une chose tres-estimable de bien unir ensemble les couleurs pour joindre des corps de differentes especes, ce n’est rien en comparaison de savoir peindre les contours et les extremitez de tous les corps en general et faire qu’ils se perdent, par une fuite et un détour insensible, qui trompe la veuë de telle sorte, qu’on ne laisse pas d’y comprendre ce qui ne se voit point. Parrhasius fut celuy des peintres anciens qui posseda parfaitement cette science. Pline, qui en fait la remarque[[1:Lib. 35 c. 10]], considere cette partie comme la plus difficile et la plus importante de la peinture, parce que, dit-il, qu’encore qu’il soit toûjours avantageux de bien peindre le milieu des corps, c’est pourtant une chose, où plusieurs ont acquis de la gloire ; mais d’en bien tracer les contours ; les faire fuir, et par le moyen de ces affoiblissemens, faire en sorte qu’il semble qu’on aille voir d’une figure ce qui en est caché ; c’est en quoy consiste la perfection de l’art, et ce qui ne s’apprend pas sans beaucoup de peine. C’est aussi ce qui donne du relief aux corps, et qui dépend non seulement de l’affoiblissement des couleurs, mais encore de celuy des lumieres et des ombres. Les Anciens avoient raison de priser cette partie, parce qu’il faut beaucoup de connoissance pour la posseder.

Dans :Parrhasios et les contours(Lien)

(VIe Entretien), p. 232-233

Et parce que, dit Pymandre, on ne connoist pas toujours aisement quelle est la douleur des femmes à la mort de leurs maris, le Poussin a laissé à deviner dans son tableau celle d’Agrippine qui se cache le visage avec un mouchoir[[6:Dans La Mort de Germanicus.]]. C’est l’adresse de cet excellent peintre, repartis-je, qui n’a pas creu devoir exprimer une douleur excessive, qu’en couvrant le visage de cette princesse, à l’imitation de cet ancien peintre[[5:Timanthe.]] que nous venons de nommer.

Dans :Timanthe, Le Sacrifice d’Iphigénie et Le Cyclope (Lien)

(Cinquième Entretien), p. 3

C’estoit sans doute, luy dis-je en soûriant, une beauté semblable à cette Inconnuë dont parle Lucien, qui seule possedoit non seulement tout ce qu’il y a de plus excellent dans les statuës et les peintures des Anciens, mais encore ce que les poëtes ont jamais attribué de plus charmant à leurs Divinitez.

Dans :Zeuxis, Hélène et les cinq vierges de Crotone(Lien)